Aven Tura ***

  • Dénivellation : -198 m 
  • Développement : ~800 m

L'aven Laure est découvert par Laure Denarnaud le 28 janvier 1979. Après plusieurs week-ends consacrés à stabiliser le départ du premier puits, l'E.S.R., en avril 1979, s'attaque au méandre de -100 m, et finit par toucher le fond du réseau principal à -162,5 m. Durant l'été 1979, avec quelques individuels, le réseau de la Flibuste est découvert. En septembre 1979, Sylvette Ournié découvre une entrée supérieure et rajoute 7,5 m en dénivelé, tandis que le 28 de ce même mois, après pendule et escalades dans le P.27, Gilles Codina découvre le réseau du Pendule. Fin 1979, tentative de désobstruction du bouchon de glaise du réseau de la Flibuste. En 1981, l'aven Laure est parcouru par quelques équipes de l'E.S.R., notamment dans le puits d'entrée où les étroitures sont dynamitées en vue d'un exercice secours les 4 et 5 juillet 1981. En décembre 1982, l'E.S.R. décide de poursuivre les explorations de cette cavité. Le 12 décembre 1982, après une escalade de 16 m à -136 m, Christian Marty découvre une succession de ressaut avec arrêt à -140 m sur étroiture d'où provient un violent courant d'air ascendant. Les lendemains des fêtes du nouvel an, une désobstruction est entreprise (perforateur et explosifs...). Durant quatre mois, un véritable tunnel sera creusé avec toutes les conséquences que cela entraîne : étroiture qui n'en finit jamais et montagne de gravats que l'on ne sait plus où stocker ! (À la fin, obligation de les remonter jusqu'à la base du P4.)

Enfin le 2 mai 1983, l'étroiture est franchie et nous butons quelques mètres plus loin sur un méandre étroit, à la base d'une belle arrivée de puits. L'élargissement du méandre et l'escalade de la cheminé se poursuivent. Ce n'est que le 27 novembre 1983 que la cote -194 m sera atteinte après de nombreuses désobstructions. Le 9 septembre 1984, après avoir remonté plus de 120 m de puits, une jonction « son et lumière » est réalisée entre l'aven Laure et l'aven Tura dont le puits d'entrée est connu depuis 1979. Le Laure est alors intégralement déséquipé et ce n'est que le 24 mars 1985 que l'étroiture de l'Aven Tura (à la base du puits d'entrée) est forcée : nous ouvrons ainsi une voie « royale » pour atteindre le fond du système aven Laure-aven Tura. Le 19 octobre 1985 le système « LaureTura » est à nouveau équipé dans le but de poursuivre la désobstruction de la partie terminale. Après avoir rajouté 4 m en dénivelé, le 22 décembre 1985, les travaux sont momentanément interrompus.

Aven Laure

  1. Réseau de -198 m : l'entrée supérieure est constituée par un méandre dont la voûte s'est effondrée. Après un R7 et un R5 entre les blocs, on atteint le sommet du premier puits (P25). Cette première partie peut-être évitée en passant par l'entrée historique (plus aisée). Après quelques mètres entre les blocs, on atteint rapidement le P25. Ce premier puits est d'abord étroit, puis va en s'évasant jusqu'à atteindre 2 × 1.5 m environ. À sa base, on arrive sur une coulée de calcite qui nous amène directement au sommet du P23 de même module que le précédent. Sa base est bouchée par des cailloutis. Au nord-ouest, une « porte » nous permet d'accéder au puits du moonmilk (P27) s'évasant dans sa partie inférieure. À sa base, une pente éboulis orientée sud-est donne directement sur un P4 qui marque le début du méandre de -100. On suit ce méandre dans la direction sud-est puis franchement plein est mais toujours bien accentué : R2, P4 et P5, tout en gardant des dimensions modestes. On atteint ainsi le sommet du P32, étroit sur les deux premiers mètres, et qui va en s'évasant pour devenir franchement large à partir d'un palier. À sa base, on emprunte une pente glaiseuse orientée sud-ouest, pour arriver à la base d'un puits de 16 m. Au sommet de ce puits, on enjambe un pan de roche pour se retrouver au sommet d'un P10. Un P4 au départ étroit y fait immédiatement suite, suivi par un R10 très incliné et aux dimensions toujours réduites. De là, après un boyau horizontal (tunnel), et un R1, on arrive à un élargissement de la cavité à la base d'une arrivée du puits (jonction avec l'aven Tura). On suit alors un méandre qui nous mène rapidement à un P3 au sommet assez étroit (chatière de l'échelle). Quelques mètres plus loin, on accède à P15 étroit dans sa première partie. À sa base, débute le méandre de l'infamie : d'abord orienté nord-est, il s'oriente franchement plein est pour finalement s'orienter nord, nord-est dans sa partie terminale. Le méandre, très étroit et très incliné par endroit marque la partie terminale de la cavité à - 198 m.
  2. Réseau de -177 m (à partir de -166 m : base du P.15) : à la base du P15, au lieu d'emprunter le méandre de l'Infamie, on atteint, après une courte escalade, une lucarne orientée plein sud. Cette lucarne donne immédiatement sur R6 en poursuivant plein est et assez délicat à franchir. (On peut accéder à la base du R6 en poursuivant plein est à mi-P15). À la base du R.6, une lucarne orientée sud-est donne accès à un P5 qui marque le fond de ce réseau à -177 m.
  3. Réseau de -170 m (à partir de -140 m : base du P.32) : à la base du P32, au lieu de remonter la pente glaiseuse, poursuivre dans le méandre en descendant un P6. À la base, on suit le méandre qui donne sur le puits final P23, et qui représente le fond du réseau principal de l'aven Laure côté -170 m.
  4. Réseau de la Flibuste (à partir de -140 : base du P32) : contourner la base de la pente glaiseuse pour atteindre un R2 boueux orienté nord/nord-est. De là, descendre un P7 et remonter en direction du nord une coulée de calcite (E4). De là, on redescend dans une petite salle où une étroiture désobstruée donne sur un P4 puis un R4. Le fond est représenté par une diaclase obstruée par de la glaise à -153 m. Concrétionnement important par rapport au reste de la cavité.
  5. Réseau du Pendule (à partir de -37 m : base du P.25)  : à la base du P25, descendre le P23 sur 10 m pour attraper une lucarne orientée plein nord. De là, remonter de trois mètres avec un passage assez étroit. On arrive alors à un P18 aux dimensions respectables. Un P15 y fait immédiatement suite (ce P15 peut être atteint en pendulant dans le P27 — « puits du moonmilk » — et en remontant de 6 m). À la base de ce puits, un P11 fait suite. On arrive alors à un court méandre entrecoupé de ressauts (P6) donnant au sommet d'un P14 colmaté par des cailloutis à sa base cotée -113 m.

Aven Tura

(Jusqu'à la jonction avec l'aven Laure)

Il débute par un magnifique P18. À sa base, une succession d'étroitures et ressauts particulièrement ventilés par un courant d'air descendant, menant au sommet d'un P10. Du bas de ce P10, on remonte légèrement pour atteindre un P23 au sommet assez étroit. Sa base marque le fond d'un premier réseau côté -62 m avec arrêt sur étroiture à dynamiter. Pour la suite de la cavité, penduler à -12 dans le P23 en direction du sud pour arriver au sommet d'un puits parallèle P56 au départ un peu étroit mais prenant des dimensions tout à fait respectables à partir d'un palier très marqué. Sur les bords de ce P56, deux appendices s'arrêtant sur des étroitures ont été explorés. À la base du P56, un P36 fait immédiatement suite coupé en son milieu par une étroiture à la base d'une splendide coulée de calcite. On atteint alors la jonction avec l'aven Laure à la côte -142 m.

Géologie

Ces deux cavités se développent dans des calcaires blancs urgoniens. On y rencontre peu de remplissages et de concrétionnement : les seuls phénomènes observés sont des cailloutis qui colmatent les fonds des puits et des coulées de calcite, gours, planchers stalagmitiques et fistuleuses essentiellement rencontrés dans le réseau de la Flibuste. L'ensemble du système se développe selon des directions privilégiées NO/SE dans les zones d'entrées et en profondeur, on observe les directions suivantes :

  • N/S ; NNE/SSO ; NE/SO qui correspondent à une compartimentation du massif en diaclases et failles, ce qui explique les méandres étroit se prolongeant par des failles impénétrables que l'on rencontre vers le fond de la cavité,
  • et également E/O correspondant aux joints de stratifications.

Hydrologie

Même si le système « Laure/Tura » n'est pas à proprement dit actif, il se voit parcouru, lors de gros orages, par une quantité d'eau non négligeable. Les réseaux les plus actifs en temps de grosse pluie sont :

  • Le réseau principal de l'aven Laure (-170 m) où la remontée du P.23 peut s'avérer plus qu'humide.
  • Le réseau terminal menant à la cote -198 m où le méandre de l'Infamie se voit parcouru par un joli ruisselet. Bien entendu, toutes ces observations devraient conduire à une coloration : cela nous permettrait de mieux cerner l'hypothétique réseau collectant les eaux du massif, et de ce fait une meilleure étude.

Remarques

Le nombre important de visites de cette cavité nous a permis de tirer des observations concernant la circulation de l'air. Dans la zone d'entrée de l'aven Laure ainsi qu'au niveau du tunnel à la côte -140 m, un fort courant d'air ascendant a pu être observé. En contrepartie, dans la zone d'entrée de l'aven Tura (-24), un violent courant d'air descendant a pu être notifié simultanément. Ces observations laisseraient penser que le courant d'air observé dans la zone des puits ne provient que d'une simple circulation entre les deux cavités qui ont pourtant des altitudes très voisines. Enfin, la partie terminale de la cavité est quand à elle très peu ventilée (très léger courant d'air descendant observé). Ceci s'est traduit par de nombreuses asphyxies lors des désobstructions dans le méandre de l'Infamie.

Commune
Caudiès-de-Fenouillèdes